Le partenariat entre la Tunisie et l’Europe remonte à loin. En effet, cette collaboration ne cesse de se développer, comme en atteste la présence, à l’heure actuelle, d’une pléiade d’industriels européens de l’automobile en Tunisie. Il est estimé, selon S.E.M. Mohamed Karim Jamoussi, Ambassadeur de la Tunisie en France, que le pays dispose des atouts nécessaires pour renforcer ces partenariats et aller de l’avant dans le secteur de l’industrie automobile et de la mobilité réinventée, en particulier avec la France avec qui les relations sont plus solides :
« Je pense que notre pays dispose de tous éléments nécessaires au développement de l’industrie automobile. Plus de 150 entreprises étrangères sont implantées en Tunisie, en plus des quelques 300 entreprises locales dont nous disposons. De plus, 65% de leur production est totalement exportée. Et au niveau de l’emploi, nous notons plus de 90.000 postes créés dans le secteur automobile. Tout cela montre à l’évidence que c’est un secteur qui reste stratégique, avec un fort potentiel, que l’on pourrait perfectionner tant que les acquis sont là », explique Mohamed Karim Jamoussi.
L’Ambassadeur a ajouté dans son discours que la Tunisie reste une belle référence dans le secteur des composants automobiles, mentionnant qu’elle est en tête de classement dans la liste de nombreux composants automobiles. Il n’a pas manqué d’évoquer le marché important des véhicules de marques françaises circulant dans le pays, ainsi que le nombre des concessionnaires automobiles français présents, « tout cela pour dire que le partenariat entre la Tunisie et la France se porte très bien ».
Mohamed Karim Jamoussi a également évoqué, lors de la conférence, le potentiel de la Tunisie comme alternative aux pays industriels de l’Asie, mais aussi de l’Ukraine qui est en guerre actuellement. « Nous avons entre 7.000 à 7.500 de jeunes diplômés en ingénierie annuellement et la Tunisie a depuis longtemps misé sur l’innovation. Du côté des compétences et des ressources humaines, je pense que nous sommes les meilleurs de notre région et tous les arguments sont là. C’est sûr qu’il y a encore un pas supplémentaire à franchir pour se développer davantage, et c’est notre vision d’avenir en renforçant en parallèle notre collaboration avec l’Europe », a-t-il souligné.
Les nombreux atouts de la Tunisie
Pour sa part, Raja Touil, représentante du bureau France Invest in Tunisia Agency (FIPA), a mis en avant les atouts du pays que les entreprises étrangères doivent considérer dans leur stratégie de localisation. « Nous savons que le secteur automobile fait face à de nombreuses difficultés aujourd’hui, et qu’il y a de nombreux enjeux à relever pour faire preuve de résilience, pour gagner en productivité et rester performant dans un secteur très concurrentiel. La FIPA, qui est en contact avec les équipementiers automobiles, leur explique les nombreux atouts de la Tunisie pour rester compétitif dans un leur secteur », indique-t-elle.
Le premier atout, selon Raja Touil est le positionnement géographique de la Tunisie : « Notre pays est très bien situé, nous sommes à deux heures de la France. Nos entreprises basées en Tunisie travaillent à flux tendu avec l’Europe, c’est un atout que toutes les entreprises internationales considèrent de nos jours avec la crise de la Covid-19 et la guerre en Ukraine ».
Ensuite, Raja Touil a évoqué les compétences tunisiennes et la supply chain : « La Tunisie est constituée d’un réservoir de talents, nous avons des compétences reconnues à l’échelle internationale et la plupart des entreprises basées en Tunisie sont gérées par des Tunisiens. Nous avons également le savoir-faire dans le secteur automobile que nous avons développé avec le temps via les entreprises présentes en Tunisie, mais aussi avec les multinationales tunisiennes présentes en Europe, en Asie et en Afrique ».
Sans vouloir livrer un catalogue des avantages de la Tunisie en tant que terre d’accueil des industries automobiles, Raja Touil a clôturé son discours en ajoutant deux autres atouts que sont les coûts de production et la législation tunisienne. « Pour rester compétitif sur un tel secteur, il faut gagner en coûts de production, et ce dernier revient moins cher en Tunisie plutôt que dans n’importe quel autre pays de la région euro-méditerranéenne », a-t-elle indiqué. Et d’ajouter : « l’investissement en Tunisie est libre, l’investisseur peut être détenteur du capital à 100% et le rapatriement des bénéfices et des plus-values est libre. De plus, il y a de nombreuses incitations financières et fiscales octroyées aux entreprises étrangères. Le taux d’imposition qui est de 15% en Tunisie peut être exonéré de 5 à 10 ans. Le pays offre également une prime d’investissement qui peut aller jusqu’à 30% du montant d’investissement total. Tous ces avantages permettront aux entreprises d’être au centre euro-méditerranéen, de servir le marché européen et d’être présent sur le marché africain ».
Nouvelle orientation stratégique portée à succès
Imed Charfeddine, Vice-Président de la Tunisia Automotive Association (TAA) et PDG du Groupe PEC, a parlé de l’orientation stratégique de l’industrie automobile en Tunisie et de l’intention du pays à suivre le développement technologique du secteur. « Il faut noter que les sociétés présentes en Tunisie interviennent aujourd’hui, directement avec les constructeurs automobiles dans le développement de leur activité, elles participent à l’élaboration des nouveaux véhicules des constructeurs avec qui elles sont en collaboration. De plus, une orientation stratégique a aussi été définie entre les industriels et l’Etat, via un pacte de compétitivité pour le secteur automobile. Ce dernier trace la route à suivre pour les cinq prochaines années et met l’accent sur l’énergie verte et la partie emprunt carbone », a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Je dirais que la demande des constructeurs automobiles de demain est bien développée en Tunisie. Nous sommes bien outillés en termes d’infrastructures et de ressources humaines ». Il a conclu son discours en indiquant que le premier acteur mondial du câble électrique est tunisien, afin de montrer la compétence dont dispose le pays.
Afin de donner des exemples concrets de succès en Tunisie, la conférence ensuite eu l’honneur d’accueillir Abdesslam Ben Ayed, président du conseil d’administration de Misfat Group – Mecafilter, et de Daniel Anghelone, directeur général de Bontaz.
« Misfat est une entreprise tunisienne spécialisée dans la fabrication de filtres automobiles et jusqu’à fin 2008, Mecafilter était notre premier client en France. Lorsque les propriétaires de cette entreprise ont décidé de la vendre, nous nous sommes portés acquéreurs. En bref, aujourd’hui notre chiffre d’affaires est de 100 millions d’euros, nous vendons notre produit dans 100 pays et évidemment notre premier marché est l’Europe », a indiqué brièvement Abdesslam Ben Ayed pour présenter son entreprise. Et d’ajouter :« Ce que je peux vous dire à propos de notre succès, c’est que nous avons d’excellents ingénieurs tunisiens et une main d’œuvre compétente, la preuve est que nous sommes en train de nous imposer par la qualité de notre travail et par notre efficacité. Par ailleurs, nous sommes en ce moment en pleine extension, et ça, c’est une preuve de succès ».
Daniel Anghelone, dispose de son côté d’une filiale en Tunisie depuis une quinzaine d’années. Il a félicité le pays pour sa performance dans l’industrie automobile. « Nous sommes une entreprise française qui opère dans les sous-ensembles mécaniques et mécatroniques, la gestion de circulation de l’huile dans les moteurs, etc. Nous sommes présents dans une dizaine de pays avec un effectif total de 4.000 personnes, et nous sommes présents en Tunisie depuis plus de quinze ans, via un site que nous venons justement d’agrandir. Ce site qui emploie près de 800 personnes est en pleine expansion et ceci est preuve que tout se passe bien en Tunisie. En effet, nous avons une bonne performance et les coûts en Tunisie sont très compétitifs. Il y a beaucoup à développer avec ce pays, vu les avantages qu’il propose », a-t-il témoigné.
La conférence a été clôturée en évoquant le port en eaux profondes d’Enfidha. Ce dernier fait partie des engagements de l’Etat lors de la signature du pacte public-privé pour le développement du secteur automobile. Avec l’intention de développer l’infrastructure du pays et de faciliter davantage le transport avec l’Europe, ce port devrait devenir effectif très prochainement.
Julien Nicolas