Pour sa 17 e édition, Equip Auto Alger sera considérée comme la manifestation des mutations. Bien sûr, au fil des années, depuis 2006, l’on a vu des changements, des bouleversements, des tournants, rien que de très normal pour un organisateur de salons, tenu d’observer l’évolution d’un secteur et de lui donner vie dans un cadre dédié regroupant tous les acteurs d’une filière. Cependant, cette année, trois changements notables ont surpris les visiteurs, éveillé leur intérêt ou hérissé le poil.
Le premier d’entre eux étant la présence majeure des exposants chinois qui ont occupé les deux tiers du salon, confirmant en un sens ce qui se passe en Algérie depuis l’autorisation de l’importation de marques chinoises (et autres) et de l’assurance de celles-ci d’aller jusqu’à la fabrication. Les exposants asiatiques du salon sont-ils ceux qui alimenteront les concessions automobiles algériennes ? Rien n’est moins sûr. Il y aura évidemment les pièces en provenance des constructeurs chinois s’alimentant auprès des fournisseurs de la première monte chinois. Mais, la distribution des pièces n’est pas un jeu d’enfants et il y a fort à parier que les importateurs de pièces historiques viendront à la rescousse et appelleront leurs fournisseurs habituels pour bénéficier de leurs savoir-faire et de leurs pièces de remplacement ! Cela dit, cette méga-présence a fini par inquiéter certains acteurs, surtout ceux qui ont remarqué des désistements des opérateurs algériens reconnus.
Où sont les grandes maisons ?
Réduit, l’emplacement réservé par les importateurs de pièces a révélé l’émergence de nouveaux acteurs n’exposant pas habituellement mais surtout l’absence de grands noms comme Benbott, Bareche, Douadi, E.M.S.G. etc. Les raisons de leur absence s’expliquent par le manque de disponibilité des pièces liées à l’attente de l’accord des pouvoirs publics pour les importer. Une raison légitime, certes, puisqu’il est difficile de présenter des produits dont on ne sait pas quand on pourra les vendre. Pour légitime que soit cette position, il faut rappeler que prendre de nouvelles habitudes peut aller très vite et que lorsqu’on n’est plus visible, d’autres acteurs – dont des conquérants à bas prix – prennent rapidement votre place. La géographie du salon le prouvant. D’un autre côté, les distributeurs d’équipements de garage, d’outils de diagnostic et autres équipements d’ateliers et outils électroportatifs se sont octroyé une belle place, notamment U.T.A. Equipements qui a fait le bonheur des visiteurs. On notera également l’absence de Bosch, que ce soit en propre, ou par ses distributeurs, le plus grand équipementier mondial semblant avoir jeté l’éponge et déserté l’Algérie. Une stratégie étonnante dont l’avenir nous dira si elle est payante….
Les fabricants sauvent la mise
S’il y a un grand gagnant, c’est bien le monde de la fabrication : soucieux d’avoir des produits à vendre, nombre d’importateurs se sont mis à la fabrication avec la volonté d’alimenter un marché assoiffé. Certes, jamais la production locale ne pourra servir un marché d’une telle envergure. Et d’ailleurs, comme il a été dit lors des tables rondes ouvrant la manifestation, aucun pays ne saurait répondre à toutes les demandes, les modèles de véhicules s’avérant trop nombreux y compris pour les marchés les plus matures et les lieux dotés en systémiers et équipementiers de premier rang.
Il n’empêche, forts d’un encouragement de l’Etat, de plus en plus d’acteurs de l’automobile se sont mis à la fabrication et ont exposé pour faire connaître leurs produits. Et c’est une très bonne nouvelle ! Fabcom en premier dont l’offre en batteries est considérable en Algérie sans compter le liquide de refroidissement et autres liquides qui viennent compléter un portfolio frémissant d’actus sur l’arrivée d’autres familles – à suivre dans Algérie Rechange ! On notera la participation des frères Boucetta et le lancement de leur nouvelle batterie Matador (voir article sur Matador Energy dans cette news ), celle de Friction Tech ou de Brics pour les produits de freinage, de AMC Filter pour les filtres, de Fajo pour les joints, ou encore de FTB Sarl pour les produits plastiques d’un véhicule (injection) qui a fort intéressé Guy-Olivier Ducamp, le Directeur Général de la marque MOTRIO lui-même (Interview dans notre prochain numéro) ! Il faudra mentionner également la présence de Raoul Beji, Vice President Parts et Services, Middle East& Africa de Stellantis pour se convaincre de l’intérêt des grands constructeurs automobiles effectuant la promotion de …leur après-vente et de leurs marques comme Distrigo et Eurorepar pour Stellantis (Interview dans nos prochains numéros). Il va sans dire que les constructeurs français (internationaux plutôt) n’entendent pas lâcher un marché comme l’Algérie et multiplient les offres diversifiées pour apporter des solutions adaptées aux différents pouvoirs d’achat. Ce que réussit d’ailleurs à faire dans un autre domaine, IRIS Pneus, un nouveau manufacturier qui se rêve un avenir international.
Ce qui nous amène à regretter l’absence des équipementiers internationaux – à part Mecafilter-Misfat – dont on comprend certaines motivations mais qui risquent gros en abandonnant le terrain. Pour certains d’entre eux, pas d’inquiétude à avoir, ils étaient là auprès de leurs distributeurs, mais pour d’autres, le retour de manivelle risque d’être dur à gérer.
Pour conclure, c’était une édition très emblématique de la situation de l’après-vente en Algérie, qui a drainé un nombre important de visiteurs et qui devrait se préparer à une 18 e édition sous son meilleur jour.