Le marché de l’automobile en Tunisie connaît en 2025 une évolution marquée par l’introduction d’un nouveau droit à payer lors de chaque visite technique. Cette mesure mise en place dans le cadre de la loi de finances pour l’année en cours concerne tous les propriétaires de véhicules et s’inscrit dans une démarche de solidarité nationale à travers la création d’un Fonds dédié à la protection sociale des travailleuses agricoles.
Ce droit additionnel d’un montant de cinq dinars est désormais intégré aux frais de contrôle technique réalisés dans les centres agréés par l’Agence Technique des Transports Terrestres. Ce prélèvement systématique vise à alimenter un fonds spécifique dont la vocation est de renforcer la couverture sociale et d’accompagner l’inclusion économique des ouvrières agricoles, qui restent parmi les catégories les plus exposées et les plus précaires du tissu professionnel tunisien.
Cette contribution s’ajoute ainsi aux différentes sources de financement du Fonds, parmi lesquelles figurent également un pourcentage des primes d’assurance automobile, un prélèvement sur les pénalités routières collectées chaque année, ainsi qu’un soutien budgétaire direct de l’État à hauteur de cinq millions de dinars. Ces ressources permettront de financer des actions concrètes de protection sociale comme l’accès à l’assurance maladie, la retraite ou encore la couverture en cas d’accidents de travail pour ces travailleuses souvent dépourvues de droits fondamentaux.
Du côté des automobilistes tunisiens, cette nouveauté se traduit par une révision des tarifs globaux appliqués à la visite technique obligatoire. Désormais, pour les voitures particulières, les grosses motos et les quadricycles ou tricycles motorisés, le tarif total s’élève à trente-six dinars et cinq cents millimes, tandis qu’il atteint quarante-deux dinars pour les véhicules utilitaires légers de moins de trois tonnes et demie. Pour les autres catégories de véhicules, le prix à payer est désormais de quarante-trois dinars et cinq cents millimes.
Cette mesure concerne toutes les visites techniques effectuées tout au long de l’année 2025, que ce soit pour un premier contrôle périodique ou dans le cadre d’un renouvellement. L’ATTT précise que ce droit s’applique uniquement lors de l’établissement d’un certificat valide. Les frais engagés dans le cas d’un échec et d’une contre-visite, quant à eux, demeurent inchangés et ne sont pas concernés par cette majoration.
Un geste solidaire et symbolique
L’Agence Technique des Transports Terrestres rappelle également l’importance pour les automobilistes de planifier à l’avance leur rendez-vous pour la visite technique sur la plateforme en ligne dédiée, afin d’éviter les retards ou les pénalités. Elle insiste sur la nécessité de respecter l’horaire fixé lors de la réservation pour garantir un fonctionnement fluide des centres de contrôle et éviter l’engorgement, surtout dans les grandes agglomérations où la demande reste soutenue.
L’introduction de ce nouveau droit pourrait à première vue être perçue comme une augmentation mineure, mais elle revêt en réalité une portée symbolique et sociale importante. En intégrant un mécanisme de solidarité dans un service aussi courant et universel que la visite technique, l’État fait le pari d’associer chaque conducteur à un effort collectif en faveur d’une population souvent invisibilisée mais essentielle au fonctionnement de secteurs entiers de l’économie tunisienne, notamment l’agriculture.
Ce changement représente aussi une tendance plus large à inscrire des préoccupations sociales dans les politiques publiques liées à la mobilité, en cherchant à allier utilité publique et redistribution. Il s’agit ici d’une action à double portée, à la fois réglementaire et solidaire, qui pourrait inspirer d’autres mesures similaires dans les années à venir dans d’autres domaines où les synergies entre services publics et justice sociale peuvent être exploitées de manière pragmatique.
Pour les usagers, il s’agit donc d’un effort supplémentaire à consentir, mais qui s’accompagne d’un engagement clair de la part des pouvoirs publics à améliorer les conditions de vie d’un pan entier de la population souvent resté à la marge du système de protection sociale. Avec plus de 400.000 travailleuses agricoles recensées à travers le pays, ce fonds peut devenir un outil structurant de lutte contre la précarité s’il est alimenté de manière durable et géré avec rigueur et transparence.
À travers cette mesure, le gouvernement tunisien cherche aussi à réaffirmer sa volonté d’agir en faveur d’une meilleure équité sociale tout en garantissant la continuité des services techniques liés à la circulation des véhicules. Cette articulation entre mobilité et solidarité sociale pourrait bien devenir l’un des marqueurs forts de la stratégie publique en matière de transport pour les années à venir.
Abdellah Khalil






