VEGE Tunisie inaugure un deuxième site de production

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Nous avions déjà visité il y a quelques années la première usine des moteurs VEGE en périphérie de Sousse en Tunisie et avions gardé l’esprit un enthousiasme galvanisant des équipes et un savoir-faire recherché par les constructeurs automobiles internationaux. En écrivant ceci, déjà l’on se rend compte de son aspect réducteur : VEGE refabrique des moteurs et aussi les culasses, les boîtes de vitesse, les injecteurs, les pompes, les étriers de frein ou encore les turbos ! La petite usine s’est développée à une belle allure qu’amplifie encore le nouveau directeur depuis l’année dernière, Jean-Baptiste Paquereau, Directeur Général de VEGE Moteurs Tunisie – LKQ-Europe GmbH dont l’expérience à tous niveaux révèle le niveau d’exigence souhaité par les nouveaux propriétaires du Groupe, à savoir LKQ. 

Jean-Baptiste Paquereau, le directeur de l’usine affiche plus de 20 ans d’expérience dans des conditions requérant des compétences hors normes chez PSA recherche et développement et surtout chez Bosch où il multiplie les missions « délicates » comme en Corée pour accompagner le rapprochement Renault Samsung, en Chine pour travailler sur les moteurs pour le marché local, puis en Espagne pour s’occuper du 1,9 DCI de l’Alliance Renault-Nissan, sans compter l’Inde et l’Autriche. « En Inde, j’ai beaucoup appris et travaillé sur l’apprentissage de la diversité culturelle ou comment réussir l’harmonie entre des groupes très différents culturellement et qui doivent cohabiter dans un même groupe international. » Une expérience difficile et passionnante à la fois que ce grand voyageur n’hésite pas à mettre au service du Groupe VEGE quand celui-ci l’invite à relever le défi de la croissance d’un métier qui devient essentiel dans ce que l’on nomme l’économie circulaire. En peu de temps, il s’installe avec femme et enfants, armes et bagages le 15 nov. 2021 en Tunisie et nous révèle un petit secret : « C’était la première fois que je mettais les pieds en Afrique ! Avec toutes mes autres destinations, à chaque fois que je voulais venir découvrir l’Afrique, on m’infligeait des quarantaines de 15 jours qui m’en empêchaient. Il y a tellement d’opportunités ici dans le Groupe que je n’aurais pas beaucoup de temps pour du tourisme mais au moins je m’inscris dans la découverte d’une nouvelle culture ! »

Des équipes fières et déterminées !

La première chose qui le frappe, c’est la fierté des équipes quant à leur mission, leur travail de tous les jours, leur savoir-faire et aussi la culture de l’excellence, des piliers sur lesquels il va s’appuyer pour monter une marche supplémentaire dans le développement de l’offre et la productivité des sites. « Notre usine s’est agrandie et va continuer à prendre de l’expansion, ne serait-ce que par le développement des nouveaux produits en plus de ses activités historiques. Autour du power train et des culasses, sont venus s’agréger les boîtes de vitesses, les injecteurs et les pompes. Nous y avons ajouté les étriers de frein et les turbos. Ce portfolio s’articule entre deux réseaux de diffusion bien circonscrits. En effet, les étriers de frein et les turbos sont 100 % dédiés à LKQ Europe et l’on peut aussi vendre aux filiales VEGE. Et la partie historique poursuit sa croissance de son côté depuis …1975 ! Nous avons déjà augmenté notre capacité, de production de 40 % et ce n’est qu’un début. La demande explose ! Nous arrivons à récupérer les moteurs à remanufacturer, et l’enthousiasme de l’équipe est telle qu’on ne cesse d’augmenter la production pour leur plus grande fierté. Le seul souci que nous avons et sur lequel nous travaillons énormément, ce sont – comme partout – les ressources humaines. Nous avons segmenté les actions entre les plus anciens – ceux qui ont entre 25 et 35 ans d’expérience – qui assument les tâches les plus délicates et les employés les plus récents qui assurent les autres travaux. Cependant, ce n’est pas suffisant, aussi suis-je allé frapper – grâce à notre directeur des ressources humaines Omar El Adjmi – à toutes les portes de Tunisie, toutes les écoles, tous les centres de formations en apprentissage de métiers liés à nos besoins pour signer des partenariats. Nous privilégions la filière technique parce qu’elle est essentielle à notre activité et aussi au développement de toute industrie et de toute économie. Quand les jeunes arrivent chez nous, nous nous offrons le luxe de les faire travailler en duo avec les plus confirmés. Ils apprennent leur métier en regardant faire puis en exécutant les différentes tâches au fur et à mesure de l’acquisition des connaissances. Cette politique donne ses fruits et génère un flux continu de savoir-faire. Je me suis servi de ma propre expérience pour mener à bien cette démarche. J’ai fait un DUT et tout à coup j’ai été confronté à la combustion interne et à l’énergie, cela m’a passionné et j’ai fini major de ma promotion. Puis en école d’ingénieur où j’ai rencontré des gens passionnés comme moi et formidables à Orléans. La combustion interne nous unissait, j’ai même commencé ma carrière chez PSA à la Direction de la Recherche et de l’Innovation ! 

Une organisation toute germanique…

En revenant sur le sujet de la formation, nous nous sommes rendu compte que même le timing était calculé pour bénéficier de forces vives à temps pour augmenter les capacités de production de ce côté-là aussi. Comme le répète Jean-Baptiste Paquereau, nous pouvons rapidement former les techniciens sur les culasses et autres pièces, mais pour les moteurs, nous avons besoin de 3 à 5 ans de formation, d’où le travail effectué en duo. Nous pouvons ainsi accompagner la croissance en jonglant sur les différents niveaux de compétences ». Le souci du détail accompagne également le traitement des vieilles matières dans un axe qui ne nous serait pas venu à l’esprit. Ainsi, comme VEGE travaille sous douane, tout ce qui est importé doit être réexporté. Jusque-là, c’est plutôt simple. Cependant, la gestion des déchets intervient : « Nous devons veiller à la destruction ou la revalorisation des déchets. A part les déchets qui peuvent être réutilisés comme énergie (donc détruits), il y a ceux qui pourraient encore servir dans des utilisations inappropriées et surtout avec la mention VEGE. C’est pourquoi, toutes les pièces sont rendues inutilisables, de manière à ce que l’on ne les voit pas réapparaître sur le marché parallèle. Seules les pièces aluminium non utilisables sont réexportées parce que le recyclage en Europe est plus rentable. » 

Lorsque l’on énumère tous les atouts de VEGE Tunisie, les formations qualifiantes, la sélection des matériaux, l’ensemble des process, les certifications, le niveau de la clientèle (Grands constructeurs internationaux), on se dit que la rigueur germanique choisie s’impose. En fait, pas seulement, parce qu’il ne faut pas oublier que l’appartenance à LKQ facilite l’acquisition des savoir-faire. En effet, on ne le sait pas trop en Europe, mais LKQ aux Etats-Unis est un mastodonte de l’économie circulaire et du remanufacturing et leur expérience accompagne ceux qui savent les écouter comme le précise Jean-Baptiste Paquereau : « Ils ont un énorme savoir-faire du Reman aux Etats-Unis dont je bénéficie naturellement. Je travaille avec eux, échange sur les process, sur les méthodes de garantie, sur les techniques, etc. Et tout ce que je peux mettre en œuvre, ici, je le fais. Cela nous donne une sérieuse avance sur nos compétiteurs ». Alors la question que nous avons envie de poser s’énonce simplement : quand allez-vous vous dupliquer votre savoir-faire dans les pays voisins ? La réponse se veut aussi claire : « Nous bénéficions de tellement de compétences ici, de potentiel, d’opportunités que nous ne pouvons pas envisager d’aller plus loin ! Je ne dis pas que ce serait impossible mais il y a déjà beaucoup à faire en Tunisie avant d’exporter nos savoir-faire. Il faut rappeler aussi que nous avons beaucoup d’incitations gouvernementales et de soutien de la part des partenaires locaux pour accroître notre production, sauvegarder nos savoir-faire en Tunisie. Surtout, nous sommes conscients que nous participons à une démarche d’avenir de l’industrie dans le cadre de l’économie circulaire et de la protection de l’environnement. Les grands décideurs doivent apprendre à prendre en compte la réutilisation des matières dans leur cahier des charges. De la même façon, il est clair que nous devons aussi récupérer les outils industriels existants pour les transformer en vue de refabrication et de rénovation. Je me plais à dire que toutes les idées que nos équipes formulent pour activer tous ces leviers, relèvent souvent de la débrouillardise. Et nous en sommes fiers, car toute bonne idée est ensuite intégrée à un processus industriel. Utilisons ce que l’on a, faisons preuve d’imagination et nous servirons bien les emplois, l’économie du pays et la protection de l’environnement ».

Hervé Daigueperce

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.rechange-tunisie.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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