Promax : le freinage de qualité à portée de mains !

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Producteur de plaquettes de frein depuis novembre 2009, en Tunisie, Promax s’attaque au marché national après avoir fait ses preuves à l’export dans une douzaine de pays. Avec 500 références en VL et PL, Promax est devenu un fournisseur de choix pour le pays, avec à sa tête un ingénieur-docteur spécialiste du freinage depuis toujours. Une garantie de qualité. Récit.

Rencontrer Brahim Chetouane c’est entrer dans le domaine réservé des chercheurs ou des développeurs industriels passionnés et jamais en retard d’une information technique. Son pré-carré, c’est la plaquette de frein depuis toujours, comme on peut le voir dans son parcours professionnel. En effet, à 43 ans, il semble avoir cumulé plusieurs vies tant ses expériences ont été intenses. Commençant ses études par un diplôme d’ingénieur en mécanique obtenu à l’ENIT, Brahim CHETOUANE poursuit ses études par un DEA à l’Ecole Normale Supérieure de Cachan (France), avant de rejoindre l’Université de Montpellier en ingénierie mécanique puis d’entamer sa thèse de doctorat à l’Ecole de mines d’Alès en France. Un parcours exceptionnel qui lui permet de rencontrer des gens … exceptionnels, mais, surtout, qui lui confirme sa passion pour la mécanique. Vous a-t-on dit que son sujet de thèse portait sur la modélisation mécanique du frottement, de l’usure ? Le lien avec la plaquette de frein éclate tout d’un coup alors qu’on lui propose de travailler sur ce sujet à Rome en relation avec la plaquette de frein. Il en profite pour finir sa thèse puis doit rentrer en Tunisie pour des raisons familiales. C’est là qu’il ajoute une autre corde à son arc en apportant son savoir-faire en balistique acquis à l’Ecole Royale Militaire de Bruxelles en tant que professeur. Il deviendra enseignant et directeur de département Techniques d’Armement à l’Académie Militaire de la Tunisie, et expert en balistique. Mais c’est, là, aussi, où la fibre entrepreneuriale prend racine, parce qu’il est tenu de concevoir des appels d’offre pour les laboratoires et autres événementiels qu’il doit organiser. L’envie de créer sa propre affaire le saisit et s’il est un sujet qu’il connaît bien, c’est bien la plaquette de frein : il quitte, alors, l’Académie militaire et fonde Promax !

Plongée dans la formulation de plaquettes 

Brahim CHETOUANE est un spécialiste, mais c’est aussi un automobiliste et en tant que tel il avait expérimenté le manque de disponibilité de plaquettes de frein sur certains modèles qui l’avaient réduit, jeune étudiant, à changer ses disques sur une ancienne Rover. Donc, lorsqu’il s’installe comme producteur, il commence par constituer une centaine de formulations, quasiment un jeu d’enfants pour celui, qui, en doctorat, préparait ses mélanges pour prouver ce qu’il avançait sur la technologie. Après, c’est l’histoire habituelle du chef d’entreprise qui ne démarre pas avec des millions en poche – il donnait des cours pour suivre les siens –, une vie marquée de hauts et de bas au gré des vicissitudes de la vie. La dernière, La Covid-19, lui a presque mis un genou à terre avec plusieurs semaines consécutives d’arrêt brutal des commandes, parce que son talon d’Achille, c’est sa dépendance à l’export : il a des contrats avec l’Arabie Saoudite, l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Maroc, la Syrie, la Libye… autant de destinations qui se ferment toutes en même temps du fait de la crise sanitaire et aussi de l’effondrement des besoins en consommables. Il ressort de cette période deux grands sujets de réflexion pour le jeune chef d’entreprise, les ressources humaines et la nécessité de couvrir le marché national. Sur le plan des ressources humaines, Brahim CHETOUANE est intarissable : « La qualité des équipements est essentielle mais les savoir-faire, les hommes sont bien plus importants. J’ai la chance de pouvoir compter sur l’équipe que j’ai constituée dès le départ, des gens de haut niveau qui se sont investis dans l’entreprise comme si c’était la leur. Ils ont essuyé avec moi les revers et participé aux bons moments. Au début, j’ai partagé tout ce que j’avais appris pendant mes études, puis ils ont eu des formations régulières parce que le maintien des compétences constitue la richesse de l’entreprise. Même aux pires moments du Covid où j’avais du mal à assurer financièrement, l’équipe a poursuivi l’aventure. » Parallèlement, ajoutant une centaine de références de plaquettes, répondant aux appels d’offre pour les sociétés régionales et nationales de transport ou pour certains véhicules spécifiques de l’armée, il tente la pénétration sur le marché national même s’il est conscient qu’il sera difficile de changer des habitudes bien ancrées : « Pourtant, je ne fabrique que des produits de très grande qualité, supérieurs souvent à la qualité première monte, comme en attestent les tests effectués pour le compte d’une MDD de constructeur automobile, et le fait que je travaille pour une autre MDD de constructeur. Mais en Tunisie, la grande partie du marché est aux mains d’un acteur qui fait fabriquer ses plaquettes en … Chine ! Je commence, cependant, à prendre des parts de marché doucement. »

Des projets et un message en forme de revendication

67 personnes dont 12 cadres et cades supérieurs travaillent chez Promax soit dans l’usine historique de Béja de 2 700 m² (1 500 m² couverts), soit dans le site intermédiaire de 800 m² loué le temps que soit terminée une nouvelle usine de 5 000 m². Pourquoi autant d’espace ? Pour accompagner le nouveau plan de développement initié par Brahim CHETOUANE, plan qui nous permettra de mieux comprendre son message. En effet, une usine de freinage a besoin de matières premières qu’il faut importer or ces matières font partie de celles qui subissent le plus d’à-coups et d’augmentations aujourd’hui. Une tonne d’acier coûte 3 100 dinars quand elle coûtait, il y a moins d’un an, 1 600 dinars par exemple. Pour Promax, qui importait d’Asie ces supports métalliques, il était urgent de trouver une solution à l’allongement des temps de livraison et à leur coût. En tout, pour pouvoir rentrer dans ses fonds, il faut aujourd’hui attendre 6 mois entre le transport, la fabrication, les commandes, la mise en vente etc. Une immobilisation financière devenue trop importante aujourd’hui. Voilà pourquoi Brahim CHETOUANE entend fabriquer lui-même tous les supports métalliques pour ses propres productions et pour le compte d’autres fabricants de plaquettes. Les gains permettront à Promax d’étoffer son portefeuille produits comme il l’a déjà fait en ajoutant les mâchoires de frein et les disques (dont il assure la finition). Cela rendra surtout l’entreprise plus autonome, plus indépendante, un bénéfice pour la croissance et aussi pour le pays. D’autant que Promax s’est dotée, depuis l’origine, d’une autonomie très forte en fabriquant tous ces moules, une spécificité qu’il convient de souligner. D’où cette revendication auprès des pouvoirs publics : « Nous aimerions qu’à l’image du Maroc, les pouvoirs publics tunisiens, non seulement poussent davantage les industriels à investir localement en les aidant, mais aussi qu’ils mettent des barrières à l’importation sauvage. Quand nous pouvons produire localement, nous générons des ressources pour le pays, créons des emplois et participons au développement du pays. Aujourd’hui, les importations l’emportent sur la fabrication locale parce qu’il n’y a pas de protection des industries tunisiennes ni d’aides en exonération de taxes, par exemple, sur l’importation des matières premières ou autres. De la même façon, nous aimerions être plus soutenus pour faire la promotion de la Tunisie auprès des investisseurs étrangers et notamment français, qui pourraient sous-traiter, créer des sites industriels ou monter des co-entreprises avec les entreprises tunisiennes. Seule la TAA aujourd’hui multiplie les efforts en ce domaine. » 

Des normeset de nouvelles implantations

Pour le patron de Promax, l’Europe ne se dessine pas seulement comme un réservoir d’investisseurs mais aussi comme un marché potentiel. Brahim Chetouane espère bien pénétrer le marché français et lance un appel à d’autres industriels pour surmonter la question des normes en vigueur. En effet, Promax est ISO 9001, en passe de finaliser sa certification IATF (il en est à 90 % du process) et bon nombre de ses produits sont labellisés ECE R90. Cependant cela ne suffit pas, il faut que chaque type de plaquette bénéficie d’un certificat de conformité qui est hors de prix quand on le multiplie par 500 références, d’où une réticence des acheteurs et beaucoup de dépit du patron de Promax, dont on a vanté la qualité des produits ! Cela n’empêche pas l’ingénieur entrepreneur de voir toujours plus loin et de poursuivre, en attendant d’autres projets, comme l’implantation d’une usine en Algérie : « Nous sommes en phase d’acceptation du dossier. Pour nous c’est très important parce que le marché algérien est très grand et que nous avons déjà de nombreux clients. Nous espérons pouvoir concrétiser ce projet rapidement, projet qui comprendra également la fabrication des supports métalliques », nous précise-t-il avant de reconnaître, que la fabrication de ces supports pourrait donner lieu à d’autres localisations encore par la suite…En clair, Brahim CHETOUANE ne manque pas de projets, sachant que tous reposent sur le savoir-faire de ses débuts en ingénierie mécanique ! C’est ainsi d’ailleurs, que, récemment, il s’est mis à fabriquer des réservoirs en aluminium pour les camions, des réservoirs de grande taille de 700 ou 800 litres : quand on dispose d’une équipe de développement produits, et six personnes à la qualité il faut s’en servir pour diversifier les activités au fur et à mesure de la demande ! Mais pour l’heure, l’ambition majeure de Brahim consiste à convertir les grands importateurs tunisiens à ses produits !

Hervé Daigueperce

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.rechange-tunisie.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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