Insufflée par le président du groupe, Zied Jomaa, la politique qui préside à la destinée du groupe rend compte de toutes les avancées du développement durable : social, écologique et économique. Une politique et une stratégie si innovantes qu’il nous faudra regarder Jomaa Group à travers ce prisme, où l’humain prend une place prépondérante jusque dans la digitalisation. Décryptage avec Khaled Guidara, directeur général adjoint de Jomaa Group et son équipe, dont Sana Mouelhi, directrice marketing de Jomaa.
Comme pour nombre de grandes maisons dont nous avons parlé, Jomaa Group appartient à une constellation de sociétés dont l’automobile se targue de représenter au moins 6 d’entre elles. Même si nous allons nous intéresser plus particulièrement à deux d’entre elles, nous allons faire un rapide tour de ces entités. En plus de Jomaa même, dédié au commerce en gros des pneumatiques, des lubrifiants et des équipements de garage, le groupe comprend une unité dédiée au recyclage des pneus, une société de commerce internationale (JIT pour Jomaa International Trad . Mais aussi, FIX’N’GO, l’entité dédiée aux centres d’entretien rapide des véhicules, qui compte 5 centres à l’heure actuelle et qui révèlera la pertinence de l’expression développement durable, puisqu’avec cette société, nous nous pencherons également sur l’Académie de mécanique auto, et la formation, secteur fondamental pour l’ensemble du groupe. Un groupe qui, s’il est né sous le signe du pneumatique, en 1985, à Hammam-Sousse, a su se diversifier tout en veillant à la complémentarité des activités. La répartition globale du chiffre d’affaires en atteste, d’ailleurs, avec 80 % détenus par le secteur originel des pneumatiques, 16 % par les lubrifiants, et le reste se répartissant entre les accessoires, les jantes, et bien sûr les équipements de garage. Une répartition équilibrée, dont tous les organes coopèrent dans un ensemble homogène, régulé par une gestion méthodique des ressources humaines, sur laquelle nous allons revenir. Et une répartition géographique tout aussi équilibrée, avec trois agences au service des clients : à la capitale, à Sousse et à Sfax, pour une capacité de stockage de 9 000 m².
Une offre globale et pérenne de pneumatiques
« Avec 14 marques présentes sur le marché et trois niveaux de gammes, de l’entrée de gamme au premium, Jomaa Group se positionne en leader incontesté sur ce marché. L’idée étant de pouvoir répondre à toutes les demandes en termes de tarifs et aussi en types de produits, avec une seule constante, la qualité. Même nos deux marques chinoises d’entrée de gamme, Ling Long et GITI (GT Radial) se positionnent dans les 17 premières marques internationales de pneumatiques (Ling Long 14ème et GITI 11ème). Il s’agit pour celles-ci de répondre aux besoins de consommateurs au pouvoir d’achat plus faible, tout en privilégiant leur sécurité avant tout », commente Khaled Guidara. Une réponse, également, à un fléau qui traverse la Tunisie, à savoir le marché parallèle qui occupe 50 % des transactions ! « Non seulement ces pneumatiques importés illégalement en Tunisie sont, à la base, de mauvaise qualité, mais, en plus, précise Sana Mouelhi, les enveloppes ont été souillées par de l’essence, des lubrifiants, et autres polluants lors du transport, mais aussi lors du stockage. Il en résulte des problèmes de sécurité très sérieux, ces substances, en effet, détériorant la gomme du pneu. Aussi le stockage des pneus en provenance du marché parallèle ne respecte les recommandations internationales : les pneus sont pliés pour prendre moins d’espace lors du stockage, ce qui engendre la déformation du tringle. Tout pneu exposé à de tels risques durant sa période de stockage peut présenter de réels dangers une fois remonté sur la voiture. Nous en parlons en connaissance de cause, puisque nous prenons beaucoup de soin du stockage dans nos entrepôts et dans le transport de nos pneumatiques pour garantir leur qualité et leurs performances conformes à la composition initiale ». Une précision fort utile d’autant que chez Jomaa Group, les gammes s’étendent du deux roues au poids lourd en passant par le VL, les engins de travaux publics, les 4×4 … tout ce qui roule en fait et contribue à la mobilité en toute sécurité.
Dans le détail, précisons que Michelin et Pirelli constituent les deux marques dédiées au haut de gamme, suivis, en milieu de gamme, par Kleber, Lassa (LASSA associée au géant japonais Bridgestone Corporation dans une coentreprise.) Puis, en entrée de gamme, par TIGAR, Ling Long et GT Radial (GITI). BF Goodrich disposant de deux classements selon qu’il est PL ou 4×4. Il faudrait citer, aussi, pour les engins, les marques Speedways, Mitas et Seha : « Nous voulons satisfaire tous les marchés tout en travaillant tous les segments » complète Sana Mouelhi, qui enchaîne « Notre mission consiste à proposer une gamme élargie en produits comme en services, tout en plaçant notre activité sous deux impératifs, la protection de l’environnement et la sécurité du client. Ceci induit nombre d’opérations de sensibilisation auprès des professionnels comme du grand public, dont nous nous sentons responsables. Cela va des conseils sur les conditions de stockage, de respect des normes d’entreprise, des campagnes sur la nécessité de vérifier la pression des pneus et leur bon état, et cela passe également par de l’incentive comme nos opérations « Faites le plein d’air avec Michelin », qui ont pour objet, bien sûr, la sensibilisation sur l’importance de la juste pression des pneus, les consignes de changement, etc. Face au marché parallèle, il nous faut agir de manière régulière et éclairante pour la protection des consommateurs ». On voit au travers des actions du groupe, le fil directeur qui anime l’ensemble des collaborateurs, à savoir la protection des individus, professionnels comme grand public, le sens de la responsabilité du fournisseur sur son marché et le parti pris de la pérennité des actions. Ou comment s’inscrire dans une démarche complète de développement durable, dont la formation est l’un des piliers, tout comme la préservation de l’environnement. Ceci explique ainsi la création de l’usine de recyclage dont nous reparlerons dans un prochain numéro. Cela se confirme également par l’introduction au portfolio du groupe, de la marque tunisienne AMINE fabriquée par la société STIP (Société Tunisienne des Industries de Pneumatiques), avec des commandes régulières auprès de cette société produisant localement (Jomaa est parmi les premiers clients fidèle à la marque nationale AMINE).
De l’équipement de garage et des lubrifiants en complément de gamme
Vendre du pneumatique, c’est aussi, penser, quand on s’inscrit dans une démarche de professionnalisation permanente, à la manière dont on les change. Une diversification s’impose, dès 1999, comme nous l’explique Khaled Guidara : « Les dirigeants de Jomaa Group ont toujours été à l’écoute des besoins des clients, qui ont participé aux réflexions de développement et de diversification de l’entreprise. Ce sont eux qui ont validé notre orientation en termes d’équipements de garage, parce qu’ils avaient besoin de ponts élévateurs, de démonte-pneus, d’équilibreuses (…) et qu’ils nous faisaient confiance. C’est pourquoi, nous avons ajouté cette gamme à notre catalogue en sélectionnant des acteurs renommés comme Mondolfo-Ferro et Nüssbaum. C’est pourquoi, également, nous avons monté un service après-vente épaulé par des techniciens formés régulièrement au fonctionnement de tous les nouveaux équipements ». En observant la complémentarité des activités, et les valeurs du groupe, on pourrait se demander pourquoi, Jomaa Group n’a pas cédé à la tentation de la fabrication. « Nous comptons déjà une usine de pneumatiques en Tunisie, la STIP, auprès de qui, nous nous approvisionnons régulièrement. Le marché s’avère déjà très saturé et faussé si l’on considère l’importance des importations parallèles des pneus de mauvaise qualité à des prix très bas ». Le groupe a donc préféré se diversifier et choisir la commercialisation de lubrifiants, famille de produits, qui accompagne bien les pneumatiques, surtout dans les réseaux de réparation rapides et de centres autos. Là encore, Jomaa propose une alternative en diffusant les marques Castrol et Areca, deux marques réputées pour leur qualité. Un atout majeur pour le groupe, qui fait face à quelque 300 marques de lubrifiants dans le pays. « Une aberration, d’autant plus dangereuse, précise Khaled Guidara, que le marché n’est pas réglementé, ce qui pose le souci de la sécurité des personnes. Nous travaillons d’ailleurs en concertation avec les institutionnels pour établir une chambre syndicale des lubrifiants, qui pourrait ainsi assainir le marché et le professionnaliser en partenariat avec la sécurité routière. » En outre, si l’on considère que la capacité de production en blending, en Tunisie, s’élève à 100 000 tonnes alors que le potentiel ne dépasse pas les 55 000 tonnes, un recadrage s’impose pour laisser la place uniquement aux lubrifiants de qualité et réguler l’activité dans le bon sens.
FIX’N’GO, réseau de centres d’entretien rapide auto
S’il n’est pas difficile d’ouvrir un centre auto de réparation rapide, – un peu de matériel, une jolie enseigne et quelques produits- il s’avère beaucoup plus complexe de proposer sur le marché une enseigne de qualité à laquelle les clients automobilistes peuvent faire confiance, tant en nature de produits utilisés qu’en compétence technique. Et c’est souvent le problème des franchises, dont les gérants sont les propriétaires. Chez FIX’N’GO, nom punchy et très parlant, – préféré par la direction en 2002, à sa création, plutôt qu’une déclinaison du nom Jomaa, cédant à la facilité -, l’erreur n’est pas permise, le doute non plus, et l’engagement qualité et développement durable affirmé (par l’obtention de la certification ISO 9001 depuis l’année 2005, et récemment renouvelée par la dernière version 2015). La première raison s’énonce simplement, les cinq centres FIX’N’GO appartiennent au groupe et participent à la bonne image globale de celui-ci (Une garantie pièces et main d’œuvre s’applique même jusqu’à 36 mois, selon les produits). En second lieu, les équipements et le SAV de ces équipements sont fournis par le groupe et en troisième lieu les personnels sont en formation permanente dans l’Académie de mécanique du groupe. Et il faut compter avec les directives du Président, Zied Jomaa, pour qui la qualité des prestations doit être équivalente à celle des produits et ce, toujours, dans le cadre de la démarche de développement durable fixée par la politique maison. FIX’N’GO assure, sur site et en atelier mobile, des opérations d’entretien et de réparation rapide pour le pneumatique, la vidange (les filtres et les huiles moteurs), les amortisseurs, le freinage, l’électricité comme les bougies, les lampes et les batteries, la climatisation, les courroies de distribution et accessoire), les pare-brises ou encore l’embrayage et la transmission (…). « Récemment, nous avons ajouté de nouveaux services comme le décalaminage », ajoute Khaled Guidara, qui précise : « Nous restons dans le concept de réparation rapide et formons nos personnels dans cette optique. Nous ne cherchons pas à concurrencer les garages de mécanique, dont les opérations nécessitent de l’équipement lourd, des outils de diagnostic, des compétences beaucoup plus pointues. C’est pourquoi, en attendant des développements dans ce secteur, Jomaa Group préfère accentuer encore les services à sa clientèle dans la diffusion de ses gammes de produits et dans les savoir-faire de ces centres FIX’N’GO. Une bonne manière également de sonder le marché et de coller davantage encore aux besoins des professionnels. Un leitmotiv que l’on retrouve dans la politique maison et qu’illustre le centre de formation du groupe.» Une Académie mécanique et un centre de formation, partie émergée de l’iceberg de la stratégie de développement durable.
Parler de formation continue dans les groupes consiste souvent à suivre un plan marketing bien huilé. Chez Jomaa Group, nous plongeons dans une autre dimension qui relève de l’exceptionnel, parce qu’elle est inspirée par le Président lui-même. Il ne peut y avoir de réussite en formation professionnelle sans l’engagement total et la conviction personnelle du dirigeant, et c’est le cas avec Zied Jomaa. En effet, c’est lui qui a instauré cette politique de formation continue pour tous les personnels, entendez-bien, il ne s’agit pas seulement de veiller à la compétence technique des personnels en charge des interventions terrain ou SAV, pas uniquement non plus des employés dédiés à la gestion des stocks, mais bien plus, de s’adresser à toutes les personnes œuvrant dans l’entreprise. Zied Jomaa a fixé, dès 2002, un plan annuel de formation qui concerne chacun, en administration, commerce, technique, marketing, gestion de stocks, logistique, etc. Un plan de formation continue destiné non seulement à accroître le niveau de compétences des personnes, mais aussi de les fidéliser au groupe grâce à un système de rémunération en corrélation. Plus les personnes approfondissent leurs savoir-faire, plus elles sont reconnues au sein de l’entreprise : un exemple rare de développement durable pour lequel la gestion des ressources humaines sert l’entreprise en même temps qu’elle participe à la carrière de chacun et à l’augmentation de ses performances et de ses compétences. Cela présente un risque certes, parce que la tentation est grande pour les employés de se vendre ailleurs, de même qu’il est plus facile pour la concurrence de venir faire « son marché » de professionnels aguerris dans une entreprise qui a ces valeurs. Cependant, la politique d’accompagnement des personnels et de reconnaissance de leurs savoir-faire réduit considérablement les tentations d’ailleurs… les plans de carrière sont établis par la direction des ressources humaines, les plans de formation également, direction, qui se réserve le droit de pratiquer à des évaluations périodiques des compétences. Tout étant lié à une amélioration des conditions, la démarche s’explique aisément. Parallèlement, comme l’explique Sana Mouelhi, « Sur le plan des FIX’N’GO, mais également nos partenaires Revendeurs, nous nous devons contribuer à injecter sur le marché de l’emploi des mécaniciens bien formés de même que pour notre service après-vente, or il est difficile de trouver de la main d’œuvre qualifiée. Une école vient de se créer au niveau du marché local, mais pour l’instant, il nous revient de fournir à notre premier client FIX’N’GO, pour commencer, des personnels qualifiés, d’où l’importance de l’Académie de mécanique auto, ou AMA, qui prépare, entre autres, à deux diplômes de niveau BTP et BTS. Il faut ajouter que nous prenons aussi beaucoup d’apprentis pour leur apprendre le métier ». En quelque sorte, une redéfinition du développement durable. Il reste beaucoup de chose à dire sur Jomaa Group, et notamment la digitalisation en cours, mais Tunisie Rechange saura revenir sur cette expérience unique construite par Zied Jomaa, le Président directeur général de Jomaa Group dans ses prochains numéros…
HD
